La virgule du local N° 05
On dit souvent : « il faut vendre avant de produire ». C’est pour dire qu’il faut avoir identifier clairement le marché avant de produire. Le marché n’est pas seulement un espace marchand où on entrepose les produits pour la vente. Le marché c’est tout simplement la rencontre de l’offre et de la demande. L’offre c’est le produit et la demande c’est l’expression du besoin qui peut se faire de plusieurs manières : la tendance du marché, le désir, la volonté, l’imposition (par les textes notamment les lois, les décrets, les arrêtés etc.)
Dans la démarche la plus courante, c’est l’offre qui va à la rencontre de la demande, ce qui place l’offreur (ici le producteur) face à une situation telle qu’il a du mal à reculer. Reculer c’est retourner le produit en magasin (double transport, charge de stockage, protection contre les prédateurs, risques d’avaries etc.). Pour les produits de grande consommation comme le maïs, il ne se pose pas beaucoup de problème puisque les risques sont moindres et la vente est garantie. Ce n’est pas le cas pour les produits hautement périssables (les produits de maraîchage par exemple). Pour ces produits la négociation va toujours en faveur de l’acheteur qui, parfois impose son prix.
C’est pour éviter que le producteur se retrouve face à une telle situation qu’il est préférable que la rencontre des partenaires se fasse bien avant la décision de produire. C’est ce principe qui est à la base de la loi sur les interprofessions agricoles. Tous les acteurs se retrouvent autour d’une table, négocient et signent les différents accords (sur la variété, sur la mise en place des intrants dont la semence, sur l’itinéraire technique, sur le financement de la campagne, sur la qualité du produit final, sur la quantité, sur le prix et sur la date ou la période de livraison), avant que le producteur ne se mette au travail. La recommandation en direction de tous ceux qui entreprennent dans le secteur rural, est d’avoir le réflexe de toucher une ou deux personnes ou structures qui utilisent les produits qu’on s’apprête à produire. Les toucher pour s’enquérir de leur niveau de besoin, le prix auquel elles sont prêtes à acheter. Une fois que la culture a atteint le stade de floraison, il faut reprendre contact avec les acheteurs potentiels pour la confirmation de leur intention d’achat.

Il est clair que tous les produits agricoles ne peuvent pas se prêtent à ce type de négociation. Mais si la chose est portée par les autorités au plus haut niveau, cela finira par entrer dans les habitudes pour devenir la pratique courante. C’est l’occasion d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité de voter la loi sur les organisations interprofessionnelles agricoles (OIA) en procédure d’urgence. Cette loi est tout simplement la mise en pratique du concept « agriculture sous contrat ».
Joachim N. SAIZONOU