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  La virgule du local N° 03

Dans les deux précédentes parutions nous avions parlé des instruments de mesure : instruments traditionnels et instruments modernes. De l’analyse des deux types d’instruments, il ressort ce qui suit :

  1. Les instruments traditionnels de mesures sont accessibles à toutes les couches de la société. Pas besoins d’un niveau particulier de connaissance pour leur maîtrise. Sur les places des marchés il y a des femmes spécialistes de mesure dont on peut solliciter les services à tout moment contre la modique somme de 100 f. Malheureusement, aucun des instruments traditionnels n’a de large spectre d’action allant de l’infiniment petit (micro, nano) à l’infiniment grand (niveau tonnage). Pour passer d’un niveau de transaction à un autre, il faut forcément changer d’instrument et c’est ce qui explique que le commerçant grossiste achète chez le producteur avec un type d’instrument et revend aux détaillants avec un autre type.  A son tour, le détaillant revend aux consommateurs avec un autre type. Cela biaise le principe de marge bénéficiaire à tous les niveaux. Un autre problème des instruments traditionnels est qu’il n’y a aucune règle pour leur utilisation. La même bassine peut être accompagnée de la main simple, du bras ou jusqu’à l’épaule selon qu’on est en période d’abondance ou en période de soudure. Deux problèmes fondamentaux à régler pour la reconnaissance officielle de ces instruments : (i) il faut opérer un choix parmi la multitude d’instruments (un seul instrument par catégorie : longueur, poids et capacité, devrait suffire au plan national, (ii) il faut établir des normes rigides pour l’utilisation de chacun des instruments retenus sur toutes les places de marché.
instrument de mesure traditionnel
  1. Les instruments modernes sont universels. Ils ont un très large spectre d’action, allant de l’infiniment petit (micro, nano) à l’infiniment grand (tonnage). Il y a des règles pour leur utilisation. On peut facilement acheter en mètre et revendre en centimètre, en décamètre ou en kilomètre (ce sont des multiples ou sous multiples du mètre). Pareil pour les mesures de capacité et les mesures de poids. Les seules difficultés au niveau de ces instruments relèvent des pratiques mafieuses des hommes qui sont punies par les lois en vigueur dans tous les pays.

La synthèse

Quand on se trouve en face de deux maux, il faut choisir celui qui fait le moins mal. Dans le cas présent, le type d’instrument qu’il sera facile d’adopter pour garantir la transparence dans les transactions à tous les niveaux (local, régional, national et international) est l’instrument moderne. Pour y arriver, deux actions sont absolument nécessaires :

  • La formation de masse : Tous ceux qui opèrent dans les transactions sur nos marchés ne connaissent pas l’utilisation de ces instruments. Les formations de masse seront de très courtes séances de pratique (1h suffit largement pour montrer même à un illettré l’utilisation des instruments). Si comme suggérer, les instruments modernes s’imposent à tout le monde, ces formations peuvent facilement se démultiplier par le bouche-à-oreille.
  • La subvention : Il s’agit de subventionner les instruments de mesure pour les rendre accessibles à toutes les bourses. Tous les commerçants (fabricants, producteurs, grossistes et détaillants) doivent les avoir à portée de main et être capables de les utiliser pour toutes les transactions.

En imposant les instruments modernes dans les transactions commerciales à tous les niveaux, le Bénin tournera le dos à la détermination approximative des rendements et des chiffres de production agricole. En effet, les producteurs de maïs vendent leur production en sac, les producteurs de manioc vendent soit en herbe ou en bâchée, les producteurs d’ananas vendent en tas ou en bâchée. Malgré cela, on retrouve au plan national, des chiffres de production en tonne. Ce sont les agents techniques en charge de la collecte des données qui convertissent les chiffres reçus en sac, kantin ou bâchée en kilogramme et en tonne selon le cas. Cette gymnastique intellectuelle ne peut donner que des chiffres approximatifs. Les seules cultures qui font remonter des chiffres fiables sont le coton, le karité, le cajou et dans une certaine mesure le riz à cause des types de transactions auxquelles elles sont soumises. En imposant les instruments modernes de mesure dans les transactions à tous les niveaux, le Bénin ne sera pas le premier pays d’Afrique francophone sur cette voie. Avant lui, le Sénégal l’a déjà fait.  

Joachim N. SAIZONOU

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