Le rônier est un genre de grands palmiers de la famille des arécacées, du genre borassus, qui tire ses origines des régions tropicales d’Afrique, d’Asie et de Nouvelle-Guinée. Au Bénin, son hypocotyle est très consommé sous forme cuite dans plusieurs centres urbains et connu sous le nom de agonté. Sa production se fait essentiellement dans la Commune de Savè, au centre du pays. Immersion dans une activité d’importance socio-économique, moins connu du grand public.
Des sachets transparents contenant de petits bâtons jaunâtres, aux côtés desquels promènent quelques coupures de coco en guise d’accompagnement. Dans la pluie comme au soleil, des jeunes dames attendant au bord de la voie, dans les feux tricolores, tentent de proposer leurs produits, le agonté, aux voyageurs. D’autres, au lieu d’attendre dans les feux, préfèrent promener leur marchandise, bien aligné sur un plateau, dans les rues de grandes villes du pays. De Savè (sa commune de provenance) à Porto-Novo, en passant par Bohicon, Abomey-Calavi et Cotonou, agonté est très prisé de nombre de béninois sans catégories d’âges.



L’intérêt économique
Vendre du agonté, ça parait bien banal, mais pas aussi qu’on le croit. L’intérêt porté à sa commercialisation, en dit long sur son utilité économique. Mireille, une jeune fille de 16 ans qui vient d’avoir son Bepc, passe ses vacances à aider sa maman dans la commercialisation de ce fruit. Pour l’approvisionnement, elle se rend chez une dame du quartier (Godomey) qui fait de grosses commandes depuis Savè. C’est un endroit où, à sa connaissance, « plus de 14 jeunes dames », viennent chaque jour acheter l’hypocotyle (agonté). « C’est maman qui prépare et puis moi je me charge de la vente. Là où on s’approvisionne, il y a d’autres dames qui prennent 3 à 4 quarantaines par jour. Mais, moi je prends 60 tous les jours » a-t-elle confié. A la question de savoir si elle arrive à écouler toute sa marchandise, Mireille répond, sans cogiter et avec assurance dans la voix : « j’arrive toujours à tout vendre ». D’ailleurs, ajoute-t-elle, « déjà au lendemain, c’est impossible de revendre ce qu’on a préparé dans la journée. Ça commence par pourrir et devient dégoûtant. ». En effet, en dehors de son gain journalier comme argent de poche, cette activité lui permet de bien préparer la rentrée scolaire prochaine. « Quand je finis de vendre et je rentre, maman me donne 500f CFA comme forfait quotidien. Quand la rentrée va commencer, elle va aussi m’acheter les fournitures scolaires », informe-t-elle. Les femmes sont les plus investies dans cette activité. Et, les quelques hommes qu’on retrouve sont généralement des adolescents.
Prince BAMIGBOLA (Col)