Au pays qui détient la première place mondiale dans la production du sucre à partir de la betterave, la lutte contre les pesticides fait du bruit. Il y a peu de jours, l’Union européenne a pris la décision de bannir l’utilisation des néonicotinoïdes en France. Entendez par néonicotinoïdes, des produits qui servent à lutter contre la jaunisse provoquée par les pucerons sur les betteraves sucrières.
Qu'on les nomme fongicides, herbicides, insecticides, etc, la question sur ces produits chimiques utilisés en grande quantité dans l’agriculture pour tuer les mauvaises herbes, insectes ravageurs ou autres, est récurrente. Le débat sur l'usage des pesticides dans l'agriculture et les conséquences sous-jacentes, n'en finit pas. Peut-on nourrir le monde, assurer une sécurité alimentaire, faire une économie d'échelle sans pesticides ? Autorités compétentes, sachants, acteurs à divers niveaux se mélangent les langues. Les intérêts, visiblement, n'étant pas les mêmes...
Repenser le système agricole mondial
Là-dessus, l'unanimité est de plus en plus faite. Il faut changer le modèle agricole. Reconstruire tout le système. Travailler les techniques culturales. Oser des innovations.
Seulement, des interrogations demeurent. Les alternatives sont-elles accessibles ? Pourraient-elles assurer la souveraineté alimentaire, la productivité de masse et permettre d'engranger assez de dividendes? Quel sera le prix à payer pour une agriculture bio par exemple ?
Dans une opinion publiée sur sa page Facebook, Hubert Glin, Agro-écologiste, Technicien agricole spécialisé en fertilisation biologique, a confié que "les pratiques agro-écologiques constituent un élément central de toute économie verte. Un système de développement intégré qui crée organiquement des liens dynamiques et de synergie entre l'agriculture, l'industrie et les services et aussi au sein de chacun de ces sous-systèmes et qui se complètent depuis les plus petites unités".
Par ailleurs, la réduction des pesticides est l'un des points importants des négociations sur la biodiversité à la COP15 à Montréal en 2022. Les conséquences de l'agriculture conventionnelle et les enjeux climatiques sur la santé et l'environnement interpellent.
Moins de discours, plus d'actes
Il faut cesser de repousser les régulations. Agir ici et maintenant de sorte, qu'il s'agisse de l'Agriculture bio ou conventionnelle qu'elle soit respectueuse de l'environnement. Mieux, qu'elle serve réellement de "première médecine" aux consommateurs de quoi rassurer Hippocrate dans sa tombe.
En réalité, quelle sécurité alimentaire peut-on assurer la toxine dans les plats ? Il est de notoriété qu'il n'y a pas mal d'agriculteurs qui ne consomment pas leurs productions. Étant des témoins principaux de leurs pratiques culturales et les risques encourus quant à la consommation de leurs produits. De même, combien ne sont-ils pas, ces consommateurs, à absorber des produits agricoles sachant bien qu'ils s'exposent à des maladies ?
Assurément, un réel contrat social s'impose autour de l'agriculture et de l'alimentation.
Fênou ADELEKE