Yvette Michozounou a fait son choix. Ne consommer que des aliments biologiques, sans engrais, sans pesticides. Bref, pas de produits chimiques. Désormais donc, il ne lui restait qu’une seule option : se muer en maraîchère. Et c’est ce que fit l’aide comptable de profession au point où aujourd’hui, elle est promotrice d’un pesticide bio : le “Bioraz”.
45 ans, mariée et mère de cinq (05) enfants, la tâche ne sera pas facile pour l’aide comptable de profession, que dis-je, la maraîchère. Seulement, son caractère intrinsèque de femme battante, convaincue et engagée quand elle se fixe un objectif, lui donnera des ailes pour que toute contrainte soit surmontée. “Je suis une femme de principe, j’aime créer. Quand je me fixe un objectif, j’aime toujours l’atteindre et même me surpasser”, lâche-t-elle fièrement. Et, il aura suffit de quelques échanges avec elle pour nous en convaincre. Femme très comique, d’un sourire toujours large dont seule, elle a le secret, Yvette Michozounou sait être sévère aussi. “Quand il faut taper du poing sur la table, je le fais”, avoue-t-elle.
Yvette et le bio, une idylle

Aide comptable certes mais pas de l’argent à jeter par les fenêtres. Là-dessus, Yvette Michozounou se veut formelle. “Moi, je veux éviter d’amener mes sous à l’hôpital, dans les pharmacies. Je veux vivre en bonne santé. Même si je dois mourir, que je meurs en bonne santé”, va-t-elle signifier. Et le secret selon ses propos : “Bien manger, ce n’est pas garni son plat. C’est mangé Bio”. D’où le maraîchage “purement” bio dans lequel elle s’investit depuis cinq années.
“Tout ce que je fais, c’est pour le bien-être, la santé. Avant, on disait que la tension, le diabète sont héréditaires. Seulement, ce n’est pas forcément le cas de nos jours. Nous nous nourrissons de beaucoup d’engrais et de pesticides chimiques”, fait observer Yvette Michozounou qui complète : “pour bien manger, je suis obligée de cultiver ce que je vais manger vu le constat effarant qui s’observe dans nos marchés”.
A l’entendre, tous ceux qui disent bio, bio, ne font pas du bio. “Je sais de quoi je parle. C’est parce que je suis dans le bio que j’arrive à faire la nette différence. Quand on prend par exemple le basilic, si c’est le bio, même après cuisson vous avez l’arôme et le menthe. Ce qui n’est pas le cas pour ce qu’on nous vend au marché. Le haricot vert bio, la cuisson est rapide, le goût, la couleur… rien à comparer avec ce qui se vend dans les marchés. C’est différent. C’est comme le jour et la nuit”, alerte l’agripreneure qui ne culpabilise pas toutefois ceux qui utilisent de l’engrais pour accroître leur rendement. Ce qui est certain, affirme-t-elle, la terre ne ment pas. C’est ce que tu cultives que tu récoltes, si tu entretiens bien.
Du Bioraz, Yvette ne lâche rien

Produire du bio, c’est bien. Disposer de produits bio pour le traitement des cultures l’est davantage. Et cela, Yvette Michozounou l’a compris. Du bioraz, c’est sa trouvaille. Son invention, sa marque déposée. Et qui mieux qu’elle-même pour l’expliquer : “Le bio, c’est tellement bon. C’est ça qui m’a poussée à faire des recherches, des expériences sur expériences et j’ai pu créer un produit que j’ai mis sur le marché qui lutte contre les insectes qui infectent les cultures. Il est disponible en boutique chez GléGan notamment. Sur le marché, il n’y a pas de bio pesticides efficace”.
Et, même si le secret du bioraz ne sera pas dévoilé au cours des nos échanges, il faut retenir que sa promotrice se sert entre autres des feuilles d’eucalyptus, de moringa, de neem. “C’est à base de nos légumes et plantes bio que je l’ai fabriqué”, confie-t-elle et plus rien ne sera filtré à propos.
L’incomprise maraîchère
Entre son entourage qui la prend pour une personne perchée et les critiques dont elle est objet du fait de ses légumes qui seraient chers, Yvette Michozounou, fidèle à sa ligne de conduite, n’abdiquera pas.
“Je ne peux pas pour l’instant dire que je rentabilise mon investissement mais je suis très satisfaite quand j’ai les retours. Je ne vend pas. Les gens veulent manger quantité au lieu de qualité. Sur 10 acheteurs, tu as à peine 2 qui veulent manger du bio. Les gens trouvent que c’est cher. Le béninois n’est pas encore prêt pour le purement bio. Mais ce n’est pour cela qu’on va baisser les bras”, déclare celle qui, au début de son œuvre, était prise pour une fêlée. Citation : “les gens ont pensé que je délirais. Comment une bureaucrate peut-elle décider d’aller à la terre tant sous le soleil que sous la pluie, se demandaient-ils”.
Fière malgré tout

Bien que ses attentes ne soient pas comblées, bien qu’il lui manque de la main d’œuvre, malgré les nombreuses embûches qui jalonnent son parcours, Yvette Michozounou est fière de son combat. “Quand j’entre dans mon jardin et que je vois les plantes vertes, ça me procure de la joie”, s’émerveille-t-elle.
Dans son jardin qui s’étend sur 2250 m2, une parcelle de son époux dont elle se sert, notre amazone cultive par rotation, tomate, piment gbatakin, carotte, persil, céleri, chou, poivrons, crincrin, gombo, papayes, amarante, vernonia, basilic, concombre, gboman, salade, ciboulette, thym, romarin, oignons, haricots verts. Elle s’y consacre notamment les week-ends.
Prévoyante par dessus, pour ne pas avoir à gérer des pertes post-récoltes, Yvette Michozounou épouse SOULE cultive maintenant selon la demande de la clientèle. N’en demeure qu’elle rêve de disposer de 8 à 10 hectares pour révéler davantage l’agriculture bio.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter bon vent à l’artisane de FAMAZ Maraîchage bio (Zinvié/Sokan). Celle qui, s’il nous l’était demandé, nous appellerons Ambassadrice du bio au Bénin.
Fênou ADELEKE
Vraiment impeccable. Nous disons Bravo a notre chère maman qui ne manque jamais d’encourager nous les jeunes a s’investir dans l’entrepreneuriat.
Bravo FAMAZ marecharge ZINVIÉ/Sokan
Vraiment impeccable. Nous disons Bravo a notre chère maman qui ne manque jamais d’encourager nous les jeunes a s’investir dans l’entrepreneuriat.
Bravo FAMAZ marecharge ZINVIÉ/Sokan