ZoomAgro

Le Réseau national pour une gestion durable des ressources génétiques au Bénin (Jinukun) ; point focal de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), a tenu une conférence publique jeudi 27 Avril 2023. A la Bourse du travail à Cotonou, «La problématique des semences dans le développement agricole du Bénin : Semences Paysannes ou OGM », a alimenté les débats.

Le Réseau national pour une gestion durable des ressources génétiques au Bénin alerte sur le danger de l’introduction des semences à hauts rendements dans l’agriculture au Bénin. Aux dires de ses responsables, diverses raisons sous-tendent leur position.

Selon les propos de Patrice Sagbo, membre de Jinukun, primo, “les semences à hauts rendements… ne peuvent pas être produites sans les intrants chimiques de synthèse, sans les pesticides, les tracteurs. Alors que ces tracteurs ne sont pas adaptés à tous les sols” . Déjà, fait-il savoir, qu’il est question de dégradation des sols, de dérèglement climatique, nous ne pouvons pas nous permettre d’utiliser ces semences responsables de la destruction du sol, de l’environnement et mauvaises pour la santé.

Deuxio, poursuit-il, dans un pays de droit, on doit laisser le consommateur choisi son alimentation. “Si on laisse le pays envahi par des semences à hauts rendements, faites de pesticides et d’intrants chimiques de synthèse, on ne nous laisse aucun choix de notre nourriture. Il a fallu une guerre qui se passe à des milliers de kilomètres de chez nous pour qu’on sente que notre système alimentaire est dépendant mais jusqu’à quand allons nous continuer à rester dans cette dépendance”, s’interroge-t-il  avant de lancer son appel : “Notre appel ici, c’est de supplier les décideurs de notre pays surtout le président de la République qui a déjà fait beaucoup de chose  de bon, d’analyser, de nous écouter”. En réalité, exprime-t-il, si la loi sur la bio-sécurité arrive, ça veut dire que dans la perspective, les organismes génétiquement modifiés (OGM) peuvent entrer dans notre pays.

Alors même qu’ils ont de lourdes répercussions sur la santé du consommateur. “Nous avons constaté qu’autour de nous, il y a plusieurs variétés de semence qui sont vendues… Les semences qui sont bonnes pour un développement agricole durable, c’est les semences paysannes. Les semences de chez nous. Ces semences quand vous les utilisez, vous n’avez pas de contraintes, d’intrants chimiques de synthèse. Elles poussent. Vous les mettez dans des conditions difficiles, elles sont là. Même quand il y a inondation, sécheresse. Il y en existe partout. Personnes n’a mis ces semences dans les industries pour venir nous les vendre. C’est nous-mêmes qui les avons cultivées dans nos champs et les avons sélectionnées et qui les échangions avec nos producteurs. C’est des meilleures semences pour faire  l’agriculture durable”, renchérit, Pierre Bédiyé, Président de Jinukun.

Complétant l’adresse de son prédécesseur à l’Etat, il a estimé “qu’il faut que l’Etat fasse la promotion des semences paysannes tout simplement et qu’elles soient enregistrées. Qu’il fasse des recherches”. Ça y va, à l’écouter, de la souveraineté alimentaire. Déjà, sans cette promotion, les paysans à 75%, utilisent ces semences. Pourquoi aujourd’hui veut-on les sortir du système ? S’interroge le Président de Jinukun. Et de rappeler qu’ils sont 80% à produire ces semences et la plupart des mains d’œuvre vient de ce monde paysan, rappelle Pierre Bédiyé. Les éliminer, analysent les conférenciers, va créer des problèmes d’insécurité alimentaire.

Anicet SEMASSA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *