Dans son rapport de près de 300 pages publié en cette année 2023, rapport relatif à la “Situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires”, la Fao, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a fait le constat selon lequel, la création de systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables est subordonnée à l’autonomisation de toutes les femmes et à l’égalité des genres. Dans cet article nous vous livrons une toute petite séquence du rapport. La première partie d’une série…
“Les systèmes agroalimentaires sont de grands pourvoyeurs d’emplois pour les femmes dans le monde et constituent une source de moyens de subsistance plus importante pour les femmes que pour les hommes dans de nombreux pays.
Malgré l’importance que revêtent les systèmes agroalimentaires pour leur subsistance et les conditions de vie de leurs familles, les femmes y occupent en général une place marginale et doivent composer avec des conditions de travail souvent plus difficiles que celles des hommes, dans la mesure où elles sont cantonnées à des emplois occasionnels ou à temps partiel, informels, peu qualifiés, à forte intensité de main-d’œuvre et par conséquent précaires.
En ce qui concerne l’accès à la terre, aux intrants, aux services, aux financements et aux technologies numériques – qui est indispensable pour travailler dans les systèmes agroalimentaires –, les femmes continuent d’accuser du retard par rapport aux hommes.
Les normes sociales et les règles qui sont discriminatoires à l’égard des femmes et des filles sont au cœur des inégalités fondées sur le genre et n’évoluent pas rapidement.
Les mécanismes d’adaptation et la résilience face aux chocs et aux facteurs de stress sont influencés par les inégalités fondées sur le genre, et les chocs et autres crises pèsent plus lourdement sur les moyens de subsistance des femmes dans les systèmes agroalimentaires que sur ceux des hommes. Pendant la pandémie de covid-19, l’insécurité alimentaire des femmes s’est aggravée plus vite que celle des hommes, tandis que les pertes d’emplois dans le secteur agricole primaire comme dans les segments non agricoles des systèmes agroalimentaires ont été beaucoup plus marquées pour les femmes que pour les hommes.
Les femmes ont été contraintes de puiser plus rapidement que les hommes dans leurs avoirs et leurs économies pourtant plus limités. Du fait qu’elles possèdent moins de ressources et de biens que les hommes, les femmes disposent aussi d’une capacité d’adaptation et de résilience moindre lors de chocs climatiques.
Ces obstacles qui limitent l’accès des femmes au plein emploi dans les systèmes agroalimentaires, sur un pied d’égalité avec les hommes, freinent la productivité des travailleuses et entretiennent les écarts de rémunération.
Combler l’écart de productivité agricole et l’écart salarial dans les systèmes agroalimentaires entre les femmes et les hommes permettrait d’augmenter le PIB mondial de 1 pour cent (soit près de 1 000 milliards d’USD). Ces gains se traduiraient, à l’échelle mondiale, par un recul de l’ordre de 2 points de pourcentage de l’insécurité alimentaire, soit une diminution de 45 millions du nombre de personnes touchées par ce fléau.
L’autonomisation des femmes est aussi un facteur déterminant pour les résultats économiques et sociaux”.
«Si nous nous attaquons aux inégalités de genre qui sont endémiques dans les systèmes agroalimentaires et donnons aux femmes les moyens de s’autonomiser, nous ferons un grand pas vers les objectifs d’élimination de la pauvreté et d’avènement d’un monde libéré de la faim… La création de systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables est subordonnée à l’autonomisation de toutes les femmes et à l’égalité des genres. Les femmes ont toujours travaillé dans les systèmes agroalimentaires. Il est temps que les systèmes agroalimentaires se mettent à travailler pour les femmes»,
Qu Dongyu, Directeur général de la Fao.