Ils, les boues de vidange, intègrent parfaitement le cercle restreint des engrais naturels recommandés dans l’agriculture. Chercheurs et scientifiques s’accordent sur le fait. Seulement, ils demeurent inusités. Tout comme les engrais bio, les boues de vidange subissent, au mépris de graves préjudices, le diktat des engrais chimiques.
C’est un paradoxe. On ne le dira jamais assez. Pendant que des voix s’élèvent pour dénoncer l’utilisation des engrais chimiques dans l’agriculture, et plaider pour l’usage d’engrais naturels, rien ne semble bouger.
D’après plusieurs études, les engrais chimiques sont dangereux pour l’environnement à long terme. Il est vrai qu’au début, ils favorisent une croissance rapide des plantes. Mais avec le temps, ils rendent progressivement le sol inutilisable pour l’agriculture.
“Utilisés massivement dans les cultures agricoles… les engrais chimiques sont coupables de la pollution des sols et sous-sols. Les dangers des produits chimiques sont bien concrets tant sur la qualité de l’environnement, et la biodiversité que sur la santé humaine.
Spécifiquement, l’un des principaux inconvénients des engrais chimiques révèle que certains exposent à une teneur élevée en acide comme l’acide sulfurique et l’acide chlorhydrique. Celle-ci entraînant la destruction de la bactérie fixatrice d’azote, qui aide à fournir l’azote à une plante en croissance. Ainsi, la première conséquence de l’utilisation des engrais chimiques dans le jardin est l’appauvrissement du sol.
Problématique plus directe : sa nocivité. Certains éléments s’avèrent en effet très polluants et se retrouvent directement dans les cours d’eau. En effet, les substances non assimilées par les plantes sont emportées par les pluies… celle-ci se déversant directement dans notre environnement. Ainsi, les engrais chimiques en raison de leurs produits chimiques nocifs ont un impact tant écologique que sur notre corps”, révèle une étude.
Nécessité de valoriser les boues de vidange
Pourtant, les engrais naturels dans l’agriculture sont des alternatives tout aussi efficaces. Qu’il s’agisse de la cendre, l’urine, les fientes déshydratées ou des boues de vidange.
Au Bénin, d’après une étude organisée par Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) en collaboration avec le Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale(Lares), en plus de la défecation qui se fait à l’air libre pour des raisons d’insuffisance de latrines familiales (EDS, 2017-2018), le dépôt des boues de vidange est quasi-systématique dans la nature ou dans des champs sans aucun traitement préalable. Les selles des enfants sont le plus souvent déversées dans des latrines (91,7%) et dans une moindre mesure, elles sont jetées dans les dépotoirs des ordures ménagères (6,4%) ou enfouillées (1,9%).
Pourtant, “Ces bouts de vidange aujourd’hui sont peu valorisés alors qu’ils sont d’une richesse que nous ignorons dans l’agriculture. D’où valoriser ces bouts de vidange peut nous permettre de gagner des richesses et aussi nous pouvons créer des emplois”, va renchérir Chabi Moïse, Professeur à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), jeudi 04 mai 2023. Ceci, à l’occasion de la restitution des résultats de cette étude qui porte sur “l’analyse des déterminants socioculturels et économiques de l’assainissement dont notamment la gestion des boues de vidange au Bénin”.
En conclusion, il en ressort que la gestion des boues de vidange constitue un défi pour les communes et demeure encore le parent pauvre en termes d’investissement. Comme approches de solution, accompagner les vidangeurs traditionnels à se formaliser puis à gérer l’activité en toute sécurité à travers l’octroi de l’agrément et le respect des règles en matière de gestion des boues de vidange ; adopter les nouvelles stratégies de valorisation des boues de vidange dans l’agriculture et pour d’autres fins utiles à l’instar des autres pays. Tout ceci y va de la réduction de la pollution du cadre de vie due au rejet dans la nature des boues de vidange.
Fênou ADELEKE