Au-delà des mots et des maux numéro 95
Ce n’est pas un scénario à imaginer, mais sait-on jamais. Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, il ne faut, d’ailleurs rien écarter. Nous sommes en 2050 ! Plus de vie dans les lacs, fleuves et rivières. Toutes les forêts sont ravagées par un incendie et toutes les espèces animales ainsi que végétales ont péri. Les océans sont vidés de leur contenu. Seule espèce a échappé à l’apocalypse, l’homme, le coupable tout désigné, étant le seul animal qui détruit son milieu de vie. C’est dans cet environnement, qu’il doit réinventer une nouvelle manière de vivre, à défaut d’un plan B. A quelques jours du 22 mai, Journée Internationale de la biodiversité, c’est à cette fiction que je vous convie dans ma chronique de ce jour.
Dans le roman d’Ernest Hemingway avec le titre, le soleil se lève aussi, il est demandé au personnage du roman, comment il a fait faillite. Celui-ci répond : « De deux façons. Graduellement d’abord, et puis brusquement ». Il en est de même de la biodiversité. Chaque jour, en effet, elle émet des alertes, signe de ce qu’elle est en proie aux retombées désastreuses de l’inconséquence anthropique, mais hélas ! Et ceux qui connaissent son utilité et les conséquences de son déclin, la perspective de sa disparition les fait frémir. Sous l’assaut des agressions humaines, la biodiversité ou une partie continue quand-même, de fournir les bases de l’alimentation de l’homme. Elle assure de nombreuses fonctions : industrielles (énergie), domestiques (vêtements, habitats), médicinales et culturelles, et remplit, aussi, d’autres rôles pour la plus grande satisfaction de l’espèce humaine, rôles de protection et de maintien d’un environnement de qualité. Au demeurant, elle ne limite pas ses services à l’homme. S’use-t-elle lorsqu’on s’en sert ? A priori non, car il s’agit essentiellement d’une ressource renouvelable. Mais elle se dégrade si on en abuse, c’est-à-dire si on la surexploite. Ce qui met en péril sa capacité à se renouveler.
Faut-il préserver la biodiversité ?
Sans ambiguïté la réponse est oui. Peut-on conserver toute la biodiversité ? La réponse est sans doute plus nuancée. Ce qui ne fait pas de doute, c’est qu’au travers de ces questions, la prise de conscience est réelle. Mais au-delà des bonnes intentions, lorsqu’il faut passer aux actes, la gestion de la biodiversité ne fait pas l’unanimité. Patrimoine de l’humanité pour les uns, (ce discours, il est celui des pays développés dont la quête aux ressources naturelles et génétiques est sans répit, la biodiversité est pour les autres une propriété privée. Pour se soigner la grande majorité de l’humanité n’a pas d’autres possibilités que de faire appel à son environnement immédiat. La consommation de viande sauvage est commune à presque toutes les populations de la zone intertropicale. Comment expliquer, en plus, à des familles affamées dans les pays pauvres que la déforestation est inadmissible car nuisible au maintien de la biodiversité si l’on n’a pas d’autres solutions à leur proposer ? C’est là, toute la problématique de la gestion de la biodiversité. Trouver le juste milieu entre ses utilisations, sa conservation et sa préservation devient un impératif.
Le Bénin et sa biodiversité
Elle est riche et variée. Parmi le Big Five un seul animal manque à l’appel au Bénin. Il s’agit du rhinocéros. Le lion, l’éléphant, le buffle et le léopard figurent au patrimoine naturel national. Et chaque espèce à son importance dans son écosystème. L’éléphant, par exemple joue un grand rôle dans la régénération de plus de la moitié des forêts denses et tropicales en Afrique. Avec les babouins, les primates et certains oiseaux, certaines graines ne peuvent germer sans transiter par leurs tubes digestifs. Ce sont eux qui assurent la dispersion des espèces végétales. Quant aux abeilles, il est fréquemment évoqué les conséquences de leur déclin. L’’espèce humaine, à ce qu’il parait ne survivra pas à leur disparition. Elles sont un élément essentiel de la chaine alimentaire. Il deviendra donc difficile, voire impossible de nourrir une population mondiale en constante augmentation sans les pollinisateurs. Pour la plupart, la disparition des espèces est liée à la forte modification des écosystèmes qu’elles habitent, et à cause de la prédation. Ce sont certainement ces deux facteurs combinés qui ont éteint certaines espèces au Bénin. On cite souvent, le Bonobo, le singe qui a un visage comme celui de l’homme. Beaucoup d’autres espèces pour ces mêmes raisons ne sont pas dans une situation confortable. Parmi les cas notés régulièrement figurent le « Zinkaka » de son nom scientifique « cercopthecus erytrogaster erythrogaster ». Par exemple, si le serpent disparait, la population des rats va augmenter, les récoltes seront mauvaises parce que les semis seront détruits à chaque saison. Si les rats disparaissent, les serpents seront en grande difficulté. Contrairement aux idées reçues, les geckos sont d’excellents régulateurs de nuisible. Ils consomment une grande variété d’insectes, notamment les moustiques, les mouches et les cafards, font partie de la chaine alimentaire et sont eux-mêmes la proie de nombreux prédateurs. En préservant les geckos, vous contribuez à maintenir l’équilibre de l’écosystème local. Dans quel état serait la planète sans la présence des charognards ? La biodiversité est donc une question d’équilibre entre les êtres qui y vivent et une question de survie pour l’homme. A la lecture de tout ceci, si ce n’est pas une preuve qu’elle est indispensable, c’est au moins un indice. Et il nous faut nous en préoccuper. C’est ce que je crois. Didier Hubert MADAFIME, à dimanche !