“Les effets de la pandémie de covid-19 et de la crise économique qui en a suivi ont été influencés et intensifiés par les inégalités”
Dans son rapport de près de 300 pages publié en cette année 2023, rapport relatif à la “Situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires”, la Fao, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a fait le constat selon lequel, la création de systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables est subordonnée à l’autonomisation de toutes les femmes et à l’égalité des genres. Dans cet article nous vous livrons une séquence du rapport. La cinquième partie d’une série…
“Résilience et adaptation en cas de chocs
Les mécanismes d’adaptation et la résilience face aux chocs et aux facteurs de stress sont influencés par les inégalités fondées sur le genre. Les chocs et les crises affaiblissent grandement les moyens de subsistance des femmes dans les systèmes agroalimentaires, d’autant que ces événements se multiplient et surviennent souvent simultanément. Dans de nombreux pays, ces chocs et ces crises se produisent dans des contextes où les inégalités entre les femmes et les hommes sont très marquées.
Les effets de la pandémie de covid-19 et de la crise économique qui en a suivi ont été influencés et intensifiés par les inégalités qui existent entre les femmes et les hommes en termes de moyens de subsistance au sein des systèmes agroalimentaires. À l’échelle mondiale, 22 pour cent des femmes ont perdu leur emploi dans le segment non agricole des systèmes agroalimentaires durant la première année de la pandémie, contre seulement 2 pour cent des hommes. L’écart entre les femmes et les hommes sur le plan de l’insécurité alimentaire s’est creusé, passant de 1,7 point de pourcentage en 2019 à 4,3 points de pourcentage en 2021. Les femmes ont également vu leur fardeau s’alourdir dans le domaine des soins à prodiguer à la famille: au Honduras et en Ouganda, par exemple, les mesures de confinement ont eu des répercussions plus importantes pour les filles que pour les garçons en ce qui concerne l’augmentation des tâches domestiques et de soins et la diminution de la fréquentation scolaire. Le nombre de cas et les niveaux perçus de violence fondée sur le genre ont augmenté considérablement, en particulier pour ce qui est de la violence domestique et de la maltraitance des femmes et des filles, et ce en grande partie à cause des tensions causées au sein des ménages par les confinements, les fermetures d’écoles et l’insécurité alimentaire et financière.
Les femmes sont souvent plus vulnérables aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles que les hommes et disposent de capacités de résilience différentes. Si les femmes ne sont pas foncièrement plus exposées au changement climatique et aux chocs, le manque de ressources et les autres contraintes auxquelles elles sont confrontées peuvent les rendre plus sensibles aux effets de ces phénomènes et moins aptes à s’y adapter, ce qui renforce leur vulnérabilité. Par exemple, la charge de travail des femmes, y compris les heures travaillées dans le secteur agricole, tend à diminuer dans une moindre mesure que celle des hommes lors de chocs climatiques, comme en période de stress thermique. Les normes discriminatoires liées au genre, qui restreignent la mobilité des femmes et leur accès aux services de vulgarisation et à l’information sur le climat, constituent des obstacles supplémentaires à l’adaptation au changement climatique. Les femmes sont par ailleurs souvent sous-représentées dans les processus décisionnels concernant les politiques climatiques, et ce à tous les niveaux.
Les conflits et l’insécurité restent des moteurs déterminants des crises et de l’insécurité alimentaires. Les femmes sont souvent plus exposées que les hommes à l’insécurité alimentaire aiguë du fait qu’elles sont confrontées à des risques, des obstacles et des handicaps supplémentaires. Les conflits violents ont également des incidences différentes pour les hommes et pour les femmes en ce qui concerne la mobilité, la violence fondée sur le genre, les résultats en matière de santé et d’éducation, et l’engagement politique et civique. En contexte de conflit, l’emploi dans l’agriculture progresse davantage pour les femmes que pour les hommes; cependant, si le temps de travail diminue aussi bien chez les hommes que chez les femmes, il diminue dans une moindre proportion chez ces dernières”.
Encadré
“Les effets de la pandémie de covid-19 et de la crise économique qui en a suivi ont été influencés et intensifiés par les inégalités qui existent entre les femmes et les hommes en termes de moyens de subsistance au sein des systèmes agroalimentaires.”
“À l’échelle mondiale, 22 pour cent des femmes ont perdu leur emploi dans le segment non agricole des systèmes agroalimentaires durant la première année de la pandémie, contre seulement 2 pour cent des hommes. L’écart entre les femmes et les hommes sur le plan de l’insécurité alimentaire s’est creusé, passant de 1,7 point de pourcentage en 2019 à 4,3 points de pourcentage en 2021”.