Au-delà des mots et des maux numéro (100-3)



Il y a 20 ans, il n’y avait pas autant de dialysés au Bénin. Certains aujourd’hui vivent avec des reins malades et à défaut d’un miracle, sont condamnés, leur seule issue étant de trouver un autre rein. Il y a 20 ans, le cancer était considéré comme la maladie des riches. Ce sont certains de nos parents qui ont vécu longtemps en occident qui rentraient avec ce mal. Il y a une vingtaine d’années, ils ne couraient pas les rues les personnes souffrant de l’hypertension. Ne pas souffrir d’une de ces maladies est désormais une exception. Des fois, toutes ces maladies affectent le même corps. Ça peut ne peut pas être naturel. En pays de vodoun, tout est possible. Pour la grande majorité, il s’agit des problèmes de santé dus, soit aux conditions de vie et de travail, au stress et aux comportements liés au mode de vie. Il y a aussi l’environnement. Aujourd’hui, le lien entre l’environnement physique et la santé ne fait plus aucun doute. Comment en est-on arrivé là ?



Enfant, pour la grande majorité des béninois, le mode de vie était modeste. Selon le cas et le lieu, le petit-déjeuner était fait de bouillie ou de pâte d’hier. Et au fur et à mesure que l’âge avance, et selon les conditions, l’alimentation initiale est modifiée. Elle passe, pour certains à une alimentation carnée, un régime avec beaucoup de viande : bœufs, porcs, moutons et autres. Et comme le dit un nutritionniste, le système digestif de l’homme n’aime pas la viande. Seuls les prédateurs, lions, tigres, hyènes, loups, ont ce privilège. Ils ont des intestins courts qui permettent à la viande de passer rapidement à travers leur tube digestif. Les intestins des humains sont beaucoup plus longs. Cela donne au corps plus de temps pour décomposer les fibres et absorber les nutriments des aliments d’origine végétale. Consommer de la chair animale implique donc un risque pour la santé humaine notamment de graves conséquences sur le système digestif et la possibilité de contracter une maladie mortelle, par exemple, les cancers liés aux côlons, la prostate, le cancer des seins, du système lymphatique et celui de l’estomac. C’est un sauve qui peut aujourd’hui et à la pelle des recettes supposées guérir ou prévenir avec un champ favorable pour les vendeurs de « prostatite » qui ont pris en otage les réseaux sociaux. La science et la médecine, pendant ce temps observent muettes ce branle-bas pour la vie.
Les dégâts de la société de consommation



L’un des marqueurs de cette dérive alimentaire dans notre société est le « crincrin », la sauce ‘’ninnouwi’’. Auparavant, il était plus copieux le lendemain de sa préparation. Il ne l’est plus de nos jours. Le sol sur lequel il est produit et l’utilisation des engrais ont dégradé la qualité de cette feuille. Il devient presque noir et perd vite son élasticité quelques heures après sa cuisson. Produire très rapidement avec un rendement élevé, voilà le carcan dans lequel la société de consommation nous a enfermés. A chaque production devrait correspondre un type d’engrais. Ce n’est plus le cas malheureusement. Tout est utilisé pour tout. Il n’est plus fait une différence entre les produits de consommation et les produits de rente. Cela représente un danger, même s’il n’est pas immédiat.
La machine que constitue notre organisme fait son travail de nettoyage jusqu’au jour où fatigué, il relâche ses efforts. Dès fois, c’est peut-être trop tard et dans le pays du vodoun, il n’est jamais fait le lien entre la santé et le mode de vie. Certains ont cru contourner cette difficulté en choisissant de se nourrir avec les produits venus d’ailleurs. Observer le chariot d’un cadre ou de tous ceux qui ont un porte-monnaie bien rempli à la sortie d’un supermarché. Il y a le Nutella, le fromage, le lait, le haricot vert, le maïs, la sardine, la crème, le yogourt, le beurre et des aliments préemballés. Sur chacune de ces boites avec un caractère très petit, il est écrit un chiffre, précédé chaque fois d’un E suivi de trois chiffres. Il correspond aux additifs alimentaires qui sont des substances ajoutées aux aliments pour préserver ou améliorer leur fraîcheur, leur goût, leur texture ou leur aspect. Certains additifs sont responsables d’intolérances et de réactions allergiques, d’autres cancérigènes et peuvent créer l’hyperactivité chez l’enfant. « Que ton aliment soit ton médicament », c’est le seul principe qui doit guider les uns et les autres dans une société, de jour en jour plus violente envers les plus faibles.
La cuisine de masse : l’autre danger de la malbouffe
Il n’y a pas une autre alternative pour ceux qui ont très peu de moyens. Dans les gargotières, pas besoin de connaître la qualité du repas servi. Il faut remplir le ventre. Dans l’ancien temps, le processus de préparation des repas est un art. Chaque condiment est cuit selon un certain code et ne peut entrer dans la cuisson que lorsqu’arrive son tour, de façon à avoir une sauce homogène et agréable au goût. Il y a aussi le choix des ingrédients sur lequel piétine la cuisine de masse. Il n’est pas tenu grand compte de leur qualité pour la plupart du temps. Tomates défraichies, carottes et piments pourris, poissons et viandes sans saveur et puis il y a les exhausteurs de goût dont le rôle est de relever le niveau de la sauce et peut donner l’impression d’être un excellent met. Or les exhausteurs de goût, ce qu’on appelle généralement les bouillons et cube Maggi, tuent à petit feu et de façon silencieuse. L’élément vedette dans ces cubes Maggi s’appelle « glutamate ». Les bouillons présentent des risques de maladies telles que le diabète et l’hypertension artérielle en raison de leur forte teneur en sel. La consommation régulière entraine la faiblesse sexuelle, les saignements vaginaux, les troubles cardiaques, les troubles de comportement chez l’enfant, le gonflement de la prostate, la maladie de Parkinson et bien d’autres.



Autrefois, on utilisait la moutarde locale « afintin ». On ne peut plus jurer aujourd’hui sur la qualité de ce produit. Certaines femmes, à ce qu’il parait commence à y introduire les cubes parce qu’elles ne prennent plus soin de respecter tout le processus de fabrication de « afintin ». « Ablo de Comè connait pratiquement le même sort. Mis à part son emballage qui fait déjà débat, certaines femmes, selon certaines sources utilisent « le formol » pour donner une certaine texture à la pâte avant la cuisson. La vidéo de sensibilisation qui a circulé sur les réseaux sociaux au sujet du pain fabriqué dans un pays voisin où les femmes ont reconnu utiliser des comprimés pour augmenter le volume du pain est assez illustrative et doit pousser ceux qui sont chargés de la salubrité sanitaire à faire des descentes régulières pour contrôler la qualité de ce que les populations consomment quotidiennement. La peur du gendarme peut être le commencement de la sagesse. C’est ce que je crois. Didier Hubert MADAFIME, à dimanche prochain.