GREEN NEWS, Le Magazine de l’Economie Verte
N° 03 Février 2019
Du 02 au 15 décembre 2018, des milliers de
délégués ont pris part à la 24e Conférence des parties sur le climat
(Cop24) à Katowice en Pologne. A travers cette interview, le Directeur général
de l’environnement et du climat (Dgec), Martin Pépin Aïna dévoile les avancées
pour la lutte contre le dérèglement climatique et les retombées de ces assises
pour le Bénin. Il revient aussi sur le soutien obtenu à Katowice pour la
création du Centre international de recherche agricole sur les changements
climatiques (Ciracc).
‘’Green-New’’ :
Monsieur le Directeur, que pouvons-nous retenir de la 24e Conférence
des parties sur le climat qualifiée, à tort ou à raison d’une Cop sans intérêts ?
Martin
Aïna : Cette conférence a
permis l’adoption de ce qu’on peut appeler l’accord de Katowice. Nous avons
convenu à l’issue des négociations qui, comme vous le savez, n’ont pas été du
tout faciles, les modalités de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Pour
maintenir la trajectoire à 2, voire 1.5, il nous faudra fournir plus d’efforts.
Les parties prenantes ont adopté de nouvelles directives sur les
caractéristiques des Contributions déterminées nationales (Cdn) qui sont
l’ensemble des actions prévues par Etat pour rester dans la logique de la Cop 21. Chaque pays a besoin d’actualiser ce document
avant 2020 en favorisant surtout sa clarté et la transparence des actions à
mener en matière d’atténuation du réchauffement climatique. Un accent a été mis
sur la méthodologie à mettre en œuvre pour estimer et comptabiliser les
émissions de gaz à effet de serre principalement responsables du réchauffement
climatique. Ce qui nous concerne particulièrement, c‘est l’actualisation des
actions relatives aux énergies non
renouvelables contenues dans notre Cdn. Nous allons mener dans ce sens des plaidoyers
pour dynamiser et promouvoir les mécanismes de développement propre.
En attendant
que se concrétisent les mécanismes d’atténuation, qu’a décidé la Cop pour aider
les communautés à s’adapter dans un contexte où le rapport du Giec (Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) reste alarmant ?
A Katowice, les débats se sont focalisés sur la
résilience face au changement climatique. En résumé, les Etats ont été invités
à soumettre d’ici le 6 mai 2019 leurs réflexions sur les thématiques telles que
les méthodes d’évaluation des retombées positives de l’adaptation et de la
résilience, l’amélioration de la santé et de la fertilité des sols et la
gestion des ressources en eau.
Justement,
parlant de l’agriculture, il nous est revenu que le Bénin prend le leadership à
travers le Centre international de recherche agricole sur les changements
climatiques (Ciracc). Peut-on parler de prouesse dans ce cas ?
Tout à fait. Cette ambition du Chef de l’Etat
Patrice Talon est en train de prendre corps. L’annonce faite il y a deux ans a
suscité l’engouement des parties prenantes. A la Cop 24, nous avons obtenu du Groupe des négociateurs
africains sur les changements climatiques un accord dans ce cadre et qui est
matérialisé dans la soumission de ce groupe sur l’action commune de Katowice. Notre délégation a déjà écrit au secrétariat
de la Convention. L’Afrique compte sur nous pour la concrétisation du Ciracc.
Comme vous
le savez, l’argent reste le nerf de la guerre. Il en est surtout de même en
matière d’adaptation au changement climatique. Quelles sont les promesses de
financements obtenues à la Cop ?
La Cop
s’est évidement intéressée à l’épineuse question de financement. La conférence
a été satisfaite du rapport du Conseil du Fonds de l’adaptation et s’est
félicitée des engagements financiers de l’Allemagne, de la France, de l’Italie,
de l’Union européenne et d’autres contributeurs pour une valeur de 129 millions
de dollars. Les annonces des contributions de 90 millions de dollars pour
l’année 2018 fixées par le Conseil du fonds pour l’adaptation ont été dépassées.
Certains pays ont annoncé des contributions, notamment l’Irlande et la suède
avec respectivement un million d’euros et 50 millions de couronnes suédoises. Toutefois,
la Cop s’est préoccupée des relents d’incertitudes.
En ce qui nous concerne, nous mettons les bouchées doubles pour bénéficier du
financement.
Quelles sont
les réformes attendues du côté du Fonds national pour l’environnement et le
climat (Fnec) pour capter les opportunités de financement ?
Nous avons profité des réunions parallèles que
nous appelons sides events pour aborder la préoccupation avec des partenaires.
Nous avons échangé par exemple sur le contenu de l’assistance de l’Alliance
mondiale contre les changements climatiques (Amcc) pour la mise en œuvre de la stratégie de
développement à faible intensité de carbone et résilient aux changements
climatiques. Nous allons soumettre bientôt un plan d’action et trois notes
conceptuelles au Fonds vert pour le climat. Les retombées dépendent de notre
dynamisme à soumettre des projets éligibles aux différents fonds climats et
nous y travaillons.
Nous sommes
au terme de notre entretien. Que direz-vous pour conclure?
Nous sommes confiants en l’avenir. Que le peuple
béninois continue de mettre en nous leur espérance. Merci à ‘’Green news’’ pour
l’espace qu’il nous offre. Bon vent au label !
Propos
recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU
[…] des menaces les plus graves qui pèsent sur le développement durable. Au Bénin, la question des changements climatiques est plus que d’actualité au regard de toute la mobilisation dont elle fait l’objet. Pour […]