Les acteurs
du secteur agricole au Bénin tentent de suppléer l’absence d’un instrument
légal de référence pour les guider dans leur domaine d’activité. Ils prennent
part pour deux jours, les 2 et 3 avril à Cotonou, à un atelier en vue de la
validation de l’avant-projet de loi d’orientation agricole, de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle. L’ambition à terme, c’est de rendre disponible
au Bénin un document juridique qui servira de socle et de fondement aux
orientations de la politique de développement agricole du Bénin.
La loi d’orientation agricole, de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle est encore à l’étape d’avant-projet. Il
attend d’être finalisé et surtout mis en application. Mais déjà, les acteurs du
secteur agricole jubilent. Cette émotion à peine contenue, Bernardin Toto, au
nom de la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs
agricoles du Bénin (Pnoppa) la justifie par les nombreuses difficultés que
connait le secteur agricole, du fait de l’absence d’une loi d’orientation. Le
mal est profond, soutient-il, à telle enseigne que chaque régime ou dirigeant
qui s’installe se donne le plaisir d’induire les réformes ou motivations qui
lui conviennent dans le secteur sans vraiment se soucier de la filière et de
ses acteurs, notamment les producteurs. « Pour permettre aux douze millions de
bien se nourrir, le secteur agricole a besoin de bien se porter»,
explique-t-il. « Nous avons connu des moments où toute une dynamique s’estompe.
On ne peut pas administrer le secteur de cette manière. Il faut qu’on pose les
balises pour que dans un futur lointain, le secteur puisse bien se porter. Ceci
nous permettra de garantir durablement la nourriture des Béninois », plaide
Bernardin Toto, au nom de la Pnoppa. Ruben Alba Aguilera, chef de la
coopération à l’Union européenne, intervenant au nom du chef de file des
partenaires techniques et financiers du secteur agricole, apprécie
l’originalité de l’avant-projet de la loi d’orientation d’abord, dans
l’intégration de la «sécurité alimentaire et nutritionnelle» puis, dans la
création d’un vrai statut de l’exploitant agricole définissant ses droits et
ses obligations.
« Le fait de lier l’amélioration de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle à la modernisation des exploitations agricoles
est particulièrement pertinent», insiste-t-il. Selon lui, 9,6% de la population
béninoise, soit 1,09 million de personnes, sont en insécurité alimentaire et la
prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans est de
32%. « La malnutrition est certainement l’un des obstacles majeurs au
développement économique et à la croissance, car elle altère le développement
cognitif et cause la perte de potentiels intellectuels des populations »,
fait-il alors observer, notant qu’investir dans la professionnalisation des
établissements agricoles en définissant le statut de l’agriculteur, en fixant
la surface minimum de l’exploitation agricole pour leur assurer une vie
décente, en mettant en place des mécanismes de développement des capacités
entrepreneuriales, puis, en cadrant leurs performances économiques, témoignent
d’une forte maturité de la réforme du secteur que porte et consacre la loi
d’orientation agricole, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Répondre aux enjeux du secteur
agricole
Cet avant-projet « est sans aucun
doute, le pilier de la grande réforme qu’a entrepris le gouvernement pour le
secteur agricole avec le double effet de poser les bases de la modernisation du
secteur et de guider, dans la durée, les stratégies de développement du secteur
pour en assurer la cohérence», note aussi le chef de file des Ptf. Enfin, il
soulignera que la capacité du gouvernement du Bénin à légiférer sur une loi
d’orientation pour le secteur agricole témoigne, d’une part, d’une vision
consensuelle à long terme, et d’autre part, d’une volonté de valoriser les
énormes potentiels du secteur agricole.
C’est bien là la vision du gouvernement, lui
répondra le ministre en charge du secteur. Gaston Dossouhoui soutient, en
effet, que c’est pour répondre aux différents enjeux du secteur agricole que
cette loi s’articule autour de cinq grands axes. Il s’agit de la garantie de la
souveraineté alimentaire et la satisfaction des objectifs nationaux en matière
de sécurité alimentaire et nutritionnelle, la reconnaissance des métiers,
exploitants et exploitations agricoles, la protection sociale des personnes
exerçant les métiers de l’agriculture, la protection contre les calamités
naturelles et les risques liés aux activités agricoles et la modernisation de
l’agriculture. « De manière opérationnelle, cette loi mettra l’accent sur la
formalisation du secteur agricole où désormais, les exploitants et leurs
métiers, ainsi que leurs exploitations agricoles seront reconnus », appuie le
ministre qui promet déjà que cette formalisation placera le secteur agricole,
premier secteur d’emplois du pays.
L’objectif général est de faire valider les
avant-projets de la loi d’orientation et de ses décrets d’application par
l’ensemble des acteurs du secteur agricole. Spécifiquement, il s’agira de
recueillir auprès des acteurs des propositions concrètes à prendre en compte
pour l’amélioration des avant-projets de ladite loi et de ses décrets
d’application.
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