Sur la côte du Golfe de Guinée, il fait ces
jours-ci un peu plus chaud que d’habitude. Le mercure augmente à Cotonou comme
à l’intérieur du Bénin. Pour Christophe Houssou, Professeur titulaire des
Universités, Bio-Climatologue, c’est un phénomène qui
n’est pas du tout surprenant. Il donne à travers cette interview quelques explications
et des conseils pour refroidir son corps.
34° à Cotonou,
40° à Banikoara. Pourquoi le mercure monte si tant ces jours-ci avec des
vagues de chaleur ?
Je crois qu’on oublie souvent les saisons chez nous. On
n’arrive pas à démarquer la sèche de la saison humide. Nous sommes actuellement
dans la saison sèche. Ça veut dire qu’il n’y a plus de nuages et que le soleil
est intense. C’est normal que la température soit élevée. Nous sommes déjà en avril. A Cotonou par
exemple, on comprend ce qui se passe. En réalité, le flux de mousson remonte progressivement. L’air
est un peu humide. Vous avez donc une chaleur humide, le corps est moite. Il y
a donc un effet qui fait qu’on sent plus la chaleur quand l’air est humide.
Ceux qui viennent du Nord pour le Sud, ont des difficultés à supporter la
chaleur de Cotonou. Même si la température n’est pas très élevée, on ressent
plus la chaleur. Ce sont des sensations thermiques qui se ressentent quand il fait
humide et chaud à la fois. Ça c’est pour Cotonou.
En ce qui concerne le
septentrion, nous sommes toujours dans la saison sèche. Il y a donc une forte
insolation. C’est normal qu’il fasse chaud. Actuellement l’ harmattan est fini
pratiquement. Donc, on n’a plus la fraîcheur du matin ou qu’on ressent de 21H à
3H du matin. Ça n’existe plus là-bas. Cette chaleur est liée à la saison tout
simplement, pas à autre chose.
Ne pensez-vous pas qu’au regard des plaintes
récurrentes des populations, il y a tout de même un problème ?
Il n’y a pas de problème
fondamental. Cela dit, c’est toujours le temps qu’il fait. Si par exemple il n’y
a pas de nuages pour couvrir les rayons solaires, il y aura une forte
insolation.
Il y a quelques semaines, beaucoup ont cru à un
début de saison des pluies, parce qu’il pleuvait effectivement. Que faut-il
comprendre par tout ceci ?
Le Professeur Boko avait
déjà expliqué une fois. En réalité, nous avons le front tropical qui fluctue
souvent. Ce n’est pas stationnaire. Ça remonte et descend. Ça vient de la mer.
La mer étant humide, il y a une forte insolation. Ça fait les embruns. L’air
étant très humide, il pleut et c’est normal. Et on voit qu’il ne pleut pas
seulement ici, il pleut tout le long de la côte, du Nigeria jusqu’au Ghana. C’est
lié aux remontées du front tropical. Certains s’étonnent qu’il pleuve en
janvier ou février. Il peut pleuvoir même en saison sèche, mais ce sont des
pluies locales. Ce sont des pluies liées à la mousson, des pluies sporadiques. Par
exemple de l’Ethiopie, parfois il y a des orages qui viennent de là-bas, qui
font qu’il peut pleuvoir.
Que faut-il comprendre par la mousson ?
C’est une masse d’air.
C’est l’alizé qui après avoir traversé l’équateur, change de direction. La
mousson ici chez nous, dans le Golfe de Guinée est souvent humide. L’harmattan
est sec, ça vient du Sahara. C’est deux masses d’air, mais l’harmattan n’a pas
traversé l’équateur. L’autre traverse l’équateur et change de direction, et on
l’appelle mousson.
Que faire quand il fait si chaud ?
Je crois déjà que les
paysans ont une façon de faire. Quand il fait chaud, pendant la saison sèche,
le paysan va au champ le matin et à 10H, il est à la maison. Evidemment, il y en a
aussi qui se lavent plusieurs fois, pour se rafraîchir le corps. Mais quand
l’air est vraiment humide, quand l’air est vraiment chaud, ça n’a pas beaucoup
d’effet. Même quand vous mettez les brasseurs, ça brasse la chaleur. Si vous
avez les moyens, il y a les climatiseurs. Cependant, l’air artificiel pose
aussi des problèmes. Surtout quand ça brasse un peu de poussières.
Quel doit être l’accoutrement adéquat ces
temps-ci ?
Il faut porter des choses
très légères et surtout préférer le coton.
Quand on lit le rapport du GIEC publié en octobre
dernier, on craint plus pour un réchauffement de 2°C. Est-ce qu’on n’est pas
dans cette dynamique-là déjà?
Ce n’est pas à exclure. Le
réchauffement est un phénomène connu par tout le monde. Je ne parle pas de
changement climatique. Le réchauffement a été créé par nous-mêmes avec les gaz à
effet de serre. Nous devons donc
supporter les conséquences. C’est du fait des usines, de la production
agricole, l’élevage, etc. Il faut donc réduire la production des gaz à effet de
serre.
Si rien n’est fait pour agir sur la trajectoire
du réchauffement climatique qu’est-ce qui pourrait arriver ?
On va courir à la
catastrophe. C’est le réchauffement global. Si on ne fait rien, ça va continuer
à flamber. Et je crois qu’on risque de disparaître, nous, les hommes, de la
Terre. La Terre sera là, mais nous on ne pourra pas y vivre.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU et Frédéric CHIORINO (Stag) FRATERNITE
Laissez un commentaire