Le
secteur agricole est une composante très importante pour l’économie du Bénin,
car il contribue pour 32,7% en moyenne au PIB, 75% aux recettes d’exportation,
15% aux recettes de l’Etat et fournit environ 70% des emplois (INSAE, 2015).
Se
basant sur cette réalité tangible, le Plan Stratégique de Relance du Secteur
Agricole (PSRSA) avait mis un accent particulier sur la promotion des
filières agricoles comme un axe majeur pouvant contribuer à relever les grands
défis du secteur agricole qui sont essentiellement de trois ordres à
savoir : nourrir une population croissante, permettre aux producteurs
agricoles d’accroître leurs revenus et contribuer de façon substantielle à
l’économie nationale. A l’époque, treize (13) filières avaient été identifiées
su la base de critères bien précises dont : la contribution de la filière
à l’amélioration de la croissance économique et le degré d’intégration de la
filière dans la structure de l’économie nationale.
Pour
imprimer à ces filières un développement efficient, la structure d’organisation
qui a été retenue est l’interprofession. La gestion interprofessionnelle de la
filière coton était évidemment la boussole et, pour matérialiser cela, un
avant-projet de loi a été élaboré avec le concours de la Coopération Technique
Belge.
Sans
attendre le vote de la loi, des structures interprofessionnelles ont commencé à
émerger : IAB pour l’aviculture, IFRIZ pour le riz, le cajou n’est pas du
reste. Face à l’émergence de ces organisations interprofessionnelles n’est-il
pas temps que l’Etat les encadre par la loi ?
La
gestion interprofessionnelle a fait ses preuves ailleurs et reste jusqu’à
nouvelle ordre le seul mode d’organisation qui rassemble tous les acteurs d’une
filière donnée autour d’une même table de négociation. Les différents groupes
d’acteurs sont appelés des familles professionnelles. En face d’eux, le
Secrétariat Permanent qui gère de façon totalement neutre et impartiale les
accords entre les différentes familles professionnelles.
Différents
principes sont à la base de la gestion interprofessionnelle. Il s’agit entre
autres de : – le principe de représentativité ; – le principe
d’équité ; – le principe de consensus, – le principe de
transparence ; – le principe de participation ouverte ; – le principe
de subsidiarité ; – le principe de redevabilité ; – le principe de solidarité.
Chacun de ces principes a une très haute valeur dans la gestion
interprofessionnelle au point que son absence peut être interpréter autrement.
Au
plan financier, les organisations interprofessionnelles sont les mieux logées.
En effet, les familles professionnelles membres d’une interprofession
sont : les producteurs, les fournisseurs d’intrants, les transformateurs
et les distributeurs. Prenons l’exemple de la filière riz. La famille des
producteurs, sur la base d’un accord interprofessionnel, livre une quantité
donnée de paddy aux transformateurs (l’accord peut être basé sur la capacité
installée des usines comme c’est le cas pour le coton). Le même accord dit
clairement que la famille des transformateurs a l’obligation d’acheter toute la
production de paddy. Le prix est négocié et arrêté par les deux familles en
présence des représentants des autres familles sous la supervision du Secrétariat
Permanent et peut-être aussi de l’Etat. Le prix ainsi retenu prend en compte un
prélèvement obligatoire pour le fonctionnement de la structure. Le même type
d’accord lie les producteurs à la famille des fournisseurs d’intrants, pareil
entre les transformateurs et les distributeurs etc. Au final aucune famille n’a
son produit sur les bras. Aucune défaillance n’est tolérée. En cas de
difficulté quelconque (dont la responsabilité n’est pas imputable à une
famille), toutes les familles sont solidairement touchées.
C’est
étonnant que l’Interprofession de la Filière Riz (IFRIZ) existe et qu’il existe
encore des importations massives de riz au Bénin. Une bonne organisation
interprofessionnelle dans la filière riz doit avoir comme familles
professionnelles les producteurs, les transformateurs, les fournisseurs
d’intrants (dont les semences) et les distributeurs (donc les actuels
importateurs de riz). Sans-eux on ne saurait parler d’une véritable
interprofession. A l’interne, des accords interprofessionnels devraient
permettre la cession de la totalité du paddy et de la totalité du riz sorti des
usines.
Vivement
le vote de la loi par la prochaine mandature (AN) pour corriger ces dérives
qu’on observe dans les interprofessions actuelles.
Joachim
N. SAIZONOU
Laissez un commentaire