L’Ong Eco-Benin
et Sea Shepherd, en collaboration avec la préfecture maritime du Bénin, les
forces navales et la Direction de la production halieutique ont effectué du 29
Avril au 18 Mai 2019, une opération conjointe de patrouille dans toute la Zone
Economique Exclusive (ZEE) du Bénin. Dénommée ‘’Guegou’’, elle a permis de
procéder à la surveillance de la pêche illicite non réglementée et non déclarée
en mer.
La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et du
commerce illicite des ressources marines au large des côtes du Bénin et des
zones protégées prend de l’ampleur au Bénin. Et c’est pour corriger que
l’opération dénommée Guegou « nom en langue locale de l’espèce du thon géant »
a été initiée grâce à l’Ong Eco-Bénin et son partenaire Sea Shepherd. Le
Gouvernement du Bénin représenté par 5 ministères a signé un mémorandum
d’entente MoU le 17 avril 2019 avec Eco-Benin et Sea Shepherd pour rendre
effective l’opération.
Déroulement de l’opération
Selon les explications du capitaine du navire, Ante Broadfield
et du Coordonnateur de l’Ong Eco-Benin Gautier Amoussou, pendant 20 jours, un
équipage de 31 personnes (des fusiliers marins, des inspecteurs de la Direction
de la Production Halieutique, de la représentation de l’ONG Eco-Bénin et des
membres d’équipage de Sea Shepherd) à bord d’un navire de Sea Shepherd a
parcouru toute la zone maritime du Bénin de l’Est à Ouest (125 km) et du Nord
au Sud (370 km) sur une superficie de 27.750 km2, soit 22% de la superficie
continentale du pays. L’opération a permis de patrouiller et de contrôler 8 sur
les 21 navires ayant pris la licence de pêche au Bénin. Ce sont en majorité des
navires de pêche de thons dont les capacités de stockage varient entre 300 et
800 tonnes de poissons. Sur les 8 navires inspectés, un a été arraisonné puis
conduit au port de Cotonou pour défaut d’autorisation de navigation. « Nous
sommes sortis de l’opération très aguerris et bien formés », a laissé entendre
Gautier Amoussou, Coordonnateur de l’Ong Eco-Benin, participant à l’opération
Guegou
Des enseignements à tirer
Les différents acteurs ayant pris part à cette mission ont
renforcé leurs capacités et ont été formés sur les techniques d’abordage, de
sécurisation et d’inspection des navires. Cependant, quelques faiblesses ont
été relevées au niveau de la réglementation, de son application ainsi que des
anomalies administratives notamment : l’inexistence de quotas de pêche pour les
navires sur les licences délivrées (contrairement à la réglementation en
vigueur au Bénin); un flou au niveau de la réglementation des engins proscrits
(méthode d’utilisation des Dispositifs de Concentration de poissons DCP);
la non utilisation de système automatique d’identification et de suivi des
navires de pêche (AIS, VMS) ; les captures accidentelles et non relâchement des
espèces interdites de pêche selon la convention CITES (requins soyeux, raies);
les autorisations de navigation ne sont toujours pas à jour et présentes à bord
des navires de pêche.
Des recommandations
Pour améliorer la législation sur la pêche telle qu’elle se
présente aujourd’hui, l’équipe de patrouille recommande
la répétition de ce type d’opération plusieurs fois dans l’année
pendant les périodes de grande pêche; l’implication du Togo et du Ghana pour
l’extension de l’opération dans leur ZEE et son organisation de façon conjointe
pour poursuivre les navires qui se réfugient dans leurs eaux. L’équipe plaide
également pour l’amélioration de la réglementation pour la prise en compte de
plusieurs aspects importants comme l’utilisation des Dcp, l’instauration et le
respect des quotas, les documents obligatoires à bord, les comportements
vis-à-vis des espèces menacées (liste CITES et IUCN Bénin), le contrôle
d’échantillons de captures et de mailles de filets de pêche ; exigence des navires
de pêche de l’installation et l’allumage d’AIS et de VMS (Vessel Monitoring
System) et le traitement plus régulier des journaux de pêche pour un bon
suivi etnon attendre fin du trimestre.
Thomas AZANMASSO
Matin Libre
Je suis titulaire du DEAT en pêche et aquaculture. Recherche d’emploi