La Chine prend la tête de la FAO. Le vice-ministre chinois de
l’Agriculture, Qu Dongyu, a été élu ce dimanche à la majorité absolue dès le
premier tour, et pour quatre ans, au poste de directeur général de
l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. C’est la
première fois qu’un dirigeant communiste accède à cette fonction dans
l’histoire de l’agence.
de notre correspondant à Pékin,
C’est un spécialiste de l’innovation agricole et des revenus en
zone rurale qui prend la direction de la FAO.
A 55 ans, cet ancien
biologiste de formation a gravi tous les échelons du
parti avec un passage remarqué notamment dans la région autonome (des
musulmans) Hui du Ningxia, où il a contribué à la mise en place de systèmes de
microcrédits pour les jeunes et les femmes agricultrices.
Dans un pays où les scandales alimentaires ont longtemps fait la
Une des journaux, Qu Dongyu est
aussi le « monsieur qualité » des produits avec des recherches qui
ont porté notamment sur les systèmes d’évaluation et de référencement des
origines des productions. Dans son court discours d’intronisation, cet ancien
membre de l’Académie des sciences agricoles a répété ce qu’il avait promis
pendant sa campagne, à savoir de continuer à travailler « pour les peuples et les
agriculteurs ».
Un discours qui visiblement a su convaincre 108 des 197 pays
représentés à la puissante organisation de l’ONU pour l’Alimentation, dont les
pays africains, sud-américains et les pays du Sud-Est asiatique avec lesquels
ce scientifique au parcours politique a travaillé dans le cadre de la
coopération chinoise en matière agroalimentaire.
Le vote à bulletin secret a-t-il contribué à gommer
« l’effet Meng Hongwei »
-du nom de l’ancien président d’Interpol interpellé par les services chinois
lors de son arrivée à l’aéroport de Pékin en septembre dernier ? Les
autorités chinoises ont-elles utilisé les leviers financiers de la deuxième
économie du monde pour obtenir le soutien d’alliés en Afrique comme le
laissaient entendre récemment certains « initiés » au South China
Morning Post ?
Certains observateurs soulignant que si la Chine communiste est
reconnue pour ses compétences en matière de réduction de la pauvreté, le régime
chinois est aussi tristement associé à la grande famine de Mao et ses plus de
trente millions de morts, selon les experts indépendants. Qu Dongyu, bien élu,
affirme pour sa part qu’il défendra les objectifs de la
FAO en matière d’éradication de la faim dans le monde,
de lutte contre la sécheresse, et de développement de l’agriculture tropicale
ainsi que du numérique en zone rurale. Une élection qui est aussi une victoire
pour Pékin qui a su transformer sa puissance financière en arme diplomatique.
Le nouveau directeur général de la FAO succédera officiellement
à son prédécesseur, le Brésilien José Graziano
Da Silva le 1er août prochain, pour un mandat de
quatre ans.
[…] cette occasion, le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu, et le Directeur exécutif du PAM, David Beasley, ont présenté aux membres du Conseil le Rapport […]